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Hmaida Elmajeri et Ghazi Moalla approuvent le raid américain à Sabratha

Hmaida Elmajeri, ancien ministre adjoint aux ministères de la Justice et des Affaires Etrangères en Libye et Ghazi Moalla, expert tunisien des affaires libyennes, étaient également les invités de Boubaker Ben Akeicha dans Midi-Show d’aujourd’hui, lundi 22 février 2016, à côté de Zouhair Maghzaoui S.G. du Mouvement du Peuple.

La discussion a tourné autour du récent raid américain qui a visé la maison de Sabratha en Libye et de l’évolution de la situation en Libye.

 

H.Elmejri:Les pays voisins n'ont pas fait grand-chose


Pour Elmejri, ce qui attire l’attention, c’est que les groupes visés, sont récemment entrés en Libye. « Les papiers retrouvés prouvent que certains, tunisiens viennent d’entrer en Libye. Donc est-ce que quelque chose se préparait, La Libye, a été livrée à son propre sort. Les pays du Maghreb n’ont pas fait grand-chose, mais on ne leur en veut pas. Sauf qu’il fallait penser que le terrorisme  aura des repercussions  sur tous ! Cependant, maintenant, il ne faut pas focaliser sur les identités des terroristes parce que le terrorisme n’a ni identité, ni nationalité, ni religion.

H.Elmejri: je ne désapprouve pas le raid

Et en ce qui me concerne, je ne désapprouve pas ce raid. A cette heure, nous n’avons pas d’autres alternatives d’autant plus qu’on n’a pas de gouvernement mis en place. Il n’y a pas de partie gouvernementale avec qui collaborer, mais les autorités Libyennes et Tunisiennes ont probablement collaboré avec les USA et auraient donné leur aval. Je suis d’accord sur un point avec Zouhair Maghzaoui parce qu’il faut avoir peur pour la souveraineté des pays arabes. 

 

Il faut une stratégie d'encadrement pour lutter contre le terrorisme

Le terrorisme nous regarde comme une proie, mais je ne suis pas d’accord avec lui concernant la probabilité de guerre contre la Libye. Les groupes s’entrainent ici, ces derniers ne visent pas une véritable  guerre, ils ne font que des combats. Ils passent à l’acte avec une seule pièce d’arme, et quelques explosifs. Ceci ne nécessite pas d’entrainement, ni de casernes. Donc à mon avis, pour venir à bout du terrorisme, il ne faut pas une guerre mais une solution pour tarir les sources qui sont qui alimentent les terroristes. Plusieurs terroristes sont des jeunes, ils sont pauvres, déprimés et faciles à manipuler. C’est à ce niveau qu’il faut intervenir. Il faut un discours et un encadrement religieux de ces jeunes et ceci relève des prérogatives de l’école Zeitouna, d’Al Azhar, il faut des congrès pour résoudre le phénomène. Certes en Libye, il faut des solutions militaires, mais aussi la mise en place d’une une stratégie.

 

Le Gouvernement de Consensus dépend de plusieurs points
Pour ce qui est du gouvernement de consensus, Elmejri a dit que le retard est dû à un ensemble de raison.  « Les voisins, aussi bien la Tunisie, que L’Egypte et l’Algérie ont un rôle à jouer. Si ces trois pays veulent réellement le consensus, il aura lieu. Ils doivent être sérieux et avoir une vision commune, parce que jusque là, l’Egypte ne montre pas assez de bonne volonté. Donc c’est à la Tunisie et à l’Algérie de jouer les médiateurs pour rapprocher l’Egypte. C’est dommage que des arabes ne fassent pas assez d’effort.
Sur le plan Libyen, il y a des différends dans les visions et les appréciations au niveau des députés.  Certains sont contre les personnes proposées, d’autres sont pour et chacun juge selon ses propres critères. Certains députés veulent de la guerre. Certes il faut un gouvernement, mais il faut d’abord que l’assemblée soit différente et que le prochain gouvernement soit solide

 

 

 

G.Moalla: si les Libyens approuvent, je ne serai pas plus royaliste que le roi
Quant à Ghazi Moalla, expert tunisien des affaires libyennes, invité de Midi- Show du lundi 22 février 2016, c’est l’avis du peuple libyen, qui importe. « Je vois qu’aucun Libyen, ou presque, n’est dérangé par le raid !Donc,si les Libyens eux-mêmes approuvent, je n’ai qu’à suivre ! En plus,  la Libye est faible et il n’y a pas d’autre alternative pour détruire les terroristes. Les « daouaech » agissent tel un vrai cancer à combattre. D’ailleurs, des tas de tentatives de bombardements internes ont eu lieu pour détruire les terroristes. Si le peuple libyen ne fait pas de réactions, alors je suis ! La lutte contre le terrorisme, est vitale, et comme il n’y a plus une vraie force gouvernementale, il n’y a donc pas d’alternative si ce n’est l’intervention étrangère.

En plus le raid n’a visé que des terroristes, peu importe leur identité, donc le problème ne se pose pas. Je trouve l’opération américaine très réussie, et je suppose que la Tunisie a coopéré via des renseignements parce que pour réussir à tuer 60 personnes regroupées dans un même endroit, ceci nécessite une forte machine de renseignement. En plus, ces terroristes préparaient des attaques, que ce soit contre la Tunisie ou la Libye, au final, on est bénéficiaires.
 

 

G.Moalla:Une guerre en Libye, c'est exagéré
Contrairement à la théorie de guerre de Maghzaoui, je ne pense pas qu’il s’agit de guerre contre la Libye. L’opération a visé des groupes, et penser à un agenda étranger, c’est exagéré. C’est trop de fumée pour pas grand-chose ! Maintenant, il faut trouver une solution politique. Et puis, franchement, l’Amérique ne manque pas de pétrole. Nous autres arabes, on a du pétrole, certes, mais on le donne à l’Occident et au prix qu’ils décident, et ce, est tout aussi vrai du temps de Kadhafi. Le pétrole est donc un faux-problème.

 

En revanche, il faut penser  au changement géostratégique. L’Egypte a une vision et des intérêts différents de la Tunisie et de l’Algérie. L’Egypte joue un rôle destructeur, mais je ne dis pas que le rôle occidental est excellent pour autant. Mais parler de guerre en Libye, c’est exagéré parce que ce sera la guerre de qui contre qui ?! Il n’y aura pas de bénéficiaire. Les pays occidentaux savent que l’intervention directe sera un échec comme c’était le cas en Syrie et en Iraq.

 

Quant à nous, on n’est pas en mesure de jouer ce rôle de guerrier, on doit jouer un rôle politique, de coopération, de renseignement, mais pas militaire. Toutefois on doit agir vite, la Libye est en danger et la Tunisie a une responsabilité, et est à même de prendre les choses en main politiquement et de rapprocher les différentes  parties en Libye pour pousser vers le consensus.