Hammami : Les raisons de l’effondrement du système médiatique…
L'enseignant-chercheur en sciences des médias et de la communication Sadok Hammami est intervenu dans Midi Show, aujourd'hui, mercredi 14 février 2024, sur sa dernière publication intitulée "L'effondrement du système médiatique tunisien : Manifestations, sources et conséquences".
Hammami a déclaré qu'il existe des indicateurs faibles et d'autres très forts qui montrent que ce système est devenu incapable de remplir la fonction pour laquelle il a été créé, qui est de fournir un service raisonnable de programmes d'informations. Or, Il considère que l'effondrement du système médiatique signifie l'effondrement d'un système de base dans la société.
Il précisé, dans ce contexte : ''Nous vivons dans une société égoïste, individualiste et indifférente, où l'on ne s'occupe que de soi. Une société qui ne veut pas savoir ce qui se passe à Gafsa ou à Al-Hancha et c'est là, un indicateur dangereux. Par exemple, la récente tragédie de la perte de 40 Tunisiens en mer. Les médias n'en parlent plus, pas plus qu'ils n'abordent cette tragédie humanitaire".
Et de continuer :"Aujourd'hui, les journalistes sont dans l'incapacité de faire leur travail. La presse écrite est morte en Tunisie et les radios, dans leur majorité, ne peuvent pas payer les salaires de leurs journalistes. Le public n'est pas en mesure de recevoir un service. Les organes de presse ne peuvent pas survivre. De plus, l'Etat n'est pas intéressé par une quelconque réforme des médias et par une initiative à même de les sauver, ce que je considère comme étant un effondrement.
Hammami va plus loin, en affirmant que les médias se sont transformés en un mécanisme de marketing et de promotion pour les responsables politiques, et que le peu de présence des ministres aux conférences est un manque de responsabilité, ce qui est un signe de l'effondrement du rôle de la presse. Et de souligner qu'il existe un indicateur dangereux, selon lequel la jeunesse tunisienne fait deux fois plus confiance qu'aux forces de sécurité qu'à la presse.
"Aujourd'hui, nous avons perdu l'opinion publique tunisienne au profit de forces de désinformation internes et externes. Cela conduit à une société volatile, contrôlée par les forces du mensonge", a encore dit Sadok Hammami.