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Quand un pays tue son avenir

Outre la crise économique et politique, la Tunisie post-révolution connaît aussi une dégradation morale et intellectuelle quasi générale.

Tous les secteurs ont été touchés, même ceux qui constituaient une fierté pour la Tunisie, dont l'enseignement et la santé. Une vraie crise de valeurs qui n'a pas épargné les enfants, les prenant même pour première cible.

En une seule semaine, les informations se succédaient, toujours plus choquantes, pour donner sa grandeur nature à un réel drame national. Viols en série d'écoliers par celui qui devait les protéger, une épidémie de rougeole qui se remet à tuer, mort en cascade de nouveaux-nés. Et puis quoi encore...?

 

Pédophile profanateur

 

A Sfax, un instituteur pédophile de 55 ans, harcèle et viole sur des années, une vingtaine d'enfants dont sa propre fille. Il se livrait à ses pratiques sordides chez lui où il dispensait des cours particuliers, dans son véhicule et même à l'école qu'il a osé souiller et profaner. Ce faisant, il a marqué au fer rouge des innocents et porté un coup fatal à un métier qui a pour charge la plus noble des missions, celle de livrer le savoir et d'initier aux grandes valeurs. Révoltant...  

 

Le drame de la Rabta

 

A 247 km de là, à l'hôpital la Rabta de Tunis, 15 nouveaux nés sont décédés au service néonatologie, dans un flou total. Des parents livrés à leur sort sans aucune explication, ni soutien sauf quand cette affaire a fait la une des médias et que les autorités ont réagi. Et quoi de moins humain que de leur remettre les dépouilles de leurs nourrissons dans des cartons de boîtes agro-alimentaires? Hier, 15 mars 2019, les résultats préliminaires de la commission d'enquête sur le drame de la Rabta ont été annoncés, confirmant le décès de 15 bébés par infections nosocomiales et que l'erreur est humaine.

 

Intoxications en série

La vague d'intoxications des enfants due à la consommation de bonbons, chocolat, biscuit souvent périmés ou confectionnés sans respecter les règles de l'hygiène, se poursuit dans une absence quasi -totale de contrôle de ces produits proposés dans les alentours des établissements scolaires. Dans le seul gouvernorat de Mahdia, on a enregistré un quarantaine de cas transférés vers différents hôpitaux.
Faut-il ici rappeler le fléau de la propagation de la vente de drogue et de produits hallucinogènes dans les environs des écoles, collèges et lycées? D'ailleurs, il ne se passe pas un jour sans qu'on entende de dealers arrêtés et de bandes organisées démantelées.


Une épidémie de Rougeole

Entre temps une épidémie de rougeole frappe dans différentes régions du pays, avec un pic de 622 cas à kasserine pour six décès. 66 autres cas avaient été enregistrés à Sfax.

 

Et l'affaire de l’école coranique de Rgueb?

 

On n'oubliera pas non plus de citer la non moins grave affaire de l'école coranique de Rgueb où 60 enfants, dont des internes, y étaient inscrits.
Des enfants déscolarisés, utilisés pour effectuer des tâches agricoles... et certains d'entre eux ont même subi des viols et des attouchements sexuels.
Une école installée au vu et au su de tout le monde et que personne n'a jugée suspicieuse. Il a fallu que cette affaire éclate au grand jour grâce à un reportage télé pour qu'encore une fois les autorités concernées prennent les choses en main.

Des bébés morts, des enfants maltraités et d'autres harcelés et violés qui ne sont que quelques uns parmi tant d'autres dont certains nous n'entendrons même parler.


Quel est leur tort?

Leur seul tort est d'être nés dans un pays où de nombreux simples citoyens et responsables n'ont aucun respect pour l'être humain et encore moins pour ses enfants qui constituent son avenir.

Un pays où les politiques ne sont jamais dans la prévention et l'anticipation, on s'arrange pour prendre le train en marche. Ce n'est qu'une semaine après le drame de la Rabta qu'il a été annoncé qui fallait mettre un terme à l'indiscipline dans les hôpitaux.
Les représentants du peuple n'ont quant à eux pas jugé si important d'assister à la séance plénière consacrée au débat relatif au décès des nouveaux-nés de la Rabta, et qui devait se tenir le 12 mars, une séance levée en raison d'absence de quorum.


Certes l'Etat assume une grande part de responsabilité dans ces faits, par son manque de fermeté, de contrôle et de stratégie pour éviter ces fléaux, il n'en reste pas moins que le citoyen a lui aussi sa part de responsabilité.

    

Amel Letaief