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Le décret 54 a-t-il stoppé la diffamation et les rumeurs?

Depuis sa promulgation, en septembre 2022, le décret 54 a suscité une grande polémique au sein de la Société civile et engendré des craintes, surtout parmi les journalistes. Ce décret concerne la lutte contre les crimes relatifs aux infractions se rapportant aux systèmes d'information et de communication.

Les arrestations dans le rang des journalistes, des avocats et des activistes se sont multipliées à la suite de plaintes de personnes et de structures, comme les syndicats de sécurité ou suite à des plaintes déposées directement par les autorités.

Ce décret vise à lutter contre la diffamation, la diffusion des rumeurs et des fausses informations. Mais après huit mois de sa promulgation, le nombre de rumeurs et la violence dans l’espace  cybernétique ont-ils diminué?

 

L’avocate et activiste civile Ines Jaïbi, interrogée par Mosaïque FM, si ce décret a facilité l’adhésion de la Tunisie à la Convention de Budapest sur la lutte contre les crimes cybernétiques, a assuré que pour le moment, il n’y a pas eu d’arrestation de personnes qui gèrent des pages spécialisées dans la diffusion des rumeurs. "D'ailleurs, cet article est plutôt dangereux, en ce qu'il contient comme termes généralistes", a-t-elle estimé.

Elle a ajouté qu'il a été utilisé contre des activistes, des journalistes et des avocats qui ont publié des posts exprimant une opposition politique au pouvoir. Pour elle, cela porte clairement atteinte au principe de la liberté d’expression.

Elle a, également remis en question l’utilité de ce décret, alors qu'il y a des lois qui organisent ces questions.

Pour sa part, le spécialiste en communication numérique, Me Larbi Souissi, a considéré que la violence dans l’espace cybernétique est un phénomène global qui ne concerne pas uniquement la Tunisie. "Il est impossible de lutter contre ce problème avec le décret 54, car l’approche juridique échoue toujours dans le traitement de phénomènes sociaux. Un traitement occul sociologique et psychologique, avec un plan de sensibilisation de la part de l’Etat et la Société civile serait plus efficace", a-t-il dit.

Pour l'avocat, la preuve c'est que la diffusion des rumeurs, de la violence et de l’atteinte à la vie privée d’autrui, continue. "Parfois, des hommes politiques, des artistes et des célébrités adhèrent à cette vague", a-t-il ajouté.