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Gaddes: Les données des citoyens à la portée de tous...

Chawki Gaddes, président de l’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP), a noté, ce mardi, lors de son passage dans Midi Show, qu’en Tunisie, la culture de la protection des données personnelles reste limitée, malgré une nette amélioration.

"L’état des lieux est clair surtout qu’il y a en plus de la Constitution des conventions internationales ratifiées par la Tunisie. Mais nous découvrons que nous ne sommes pas dans un Etat de droit. Les décideurs et les législateurs n’ont aucune connaissance de la protection des données personnelles. Les magistrats n’appliquent et n’examinent pas les affaires en lien avec ce dossier. Au Parlement, les députés n’ont pas voulu examiner un projet de loi depuis 2018... Des décisions ont été prises au sujet du transfert des données personnelles vers l’étranger et surtout les Etats-Unis d’Amérique. Nous appelons depuis des années à réduire l’usage de Facebook qui ne respecte pas la protection des données personnelles. Nous avons dénoncé l’usage du gouvernement Mechichi des applications qui permettent aux renseignements américains d’assister aux Conseils des ministres".  
 

Gaddes a expliqué qu’il demande à chaque ministre des Technologies de l’information de travailler sur des technologies qui ne permettent pas d’exposer les données des internautes tunisiens. "Nous avons appelé à ce qu'on prenne au moins la décision de bloquer les commentaires sur les publications des ministères sur Facebook, car elles permettent au réseau social d’analyser des données et de cibler par la suite, les utilisateurs selon leurs orientations", a-t-il dit.

Pour le président de l’INPDP, les pays étrangers n’ont plus besoin d’espions, car les données qui se trouvent sur les réseaux sociaux permettent de cibler les utilisateurs, à travers leurs orientations. Au début, les réseaux sociaux avaient un objectif commercial mais par la suite, cet outil est devenu un moyen d’influence des orientations politiques. Les exemples sur le plan international sont multiples, a-t-il noté

Il a, par ailleurs, rappelé que l’Instance de protection des données personnelles a transféré un dossier nommé e-Carthage, concernant la manipulation des usagers tunisiens des  réseaux sociaux, lors des élections de 2019.

"L’intelligence artificielle exploite les habitudes des usagers des réseaux sociaux. Il faut donc éviter de faire des commentaires et des réactions et ne plus publier des photos familiales ou localiser les endroits qu’on préfère, car ces informations seront par la suite exploitées", a-t-il ajouté.

Dialogue national

Pour le dialogue national, le président de l’INPDP a indiqué qu’il faut éviter les plateformes étrangères. "Nous possédons des compétences tunisiennes qui peuvent créer des plateformes 100% nationales. Il est nécessaire aussi de  prendre des précautions pour réduire l’utilisation des données personnelles. La plateforme nécessaire pour ce dialogue doit être aussi très bien sécurisée, pour éviter la récupération des données, en cas de piratage", a-t-il précisé.

Exposition des données des étudiants
 

Chawki Gaddes a annoncé qu’un communiqué, au sujet du ministère de l’Enseignement supérieur, a été publié il y a cinq jours, mais sans susciter de réactions de la part des concernés. "Je dois leur dire que les instances indépendantes sont votre conscience. Nos commentaires sont purement techniques, car nous devons signaler les risques d’usage de données personnelles. Les noms, les numéros des cartes d’identité, les numéros de téléphones et d’autres informations sur les étudiants sont à la portée de tous".

Reconnaissance faciale

"L’instance doit protéger, également, ceux qui ne connaissent pas leurs droits. La reconnaissance faciale, par exemple, permet l’espionnage des citoyens. La surveillance vidéo peut être utilisée contre eux. Pour la plateforme Evax, La Comité a travaillé sur la protection des données personnelles, mais il faut surveiller strictement les données qui circulent", a-t-il appelé.  
 

Chawki Gaddes a, enfin, indiqué que la justice donne, par ignorance, accès à des données personnelles. Le CSM doit consulter l’INPDP pour éviter les infractions. "Un dernier rappel, en cas de réclamation des numéros de téléphones en payant par chèque, vous devez fournir un faux et il est aussi interdit d’inscrire les numéros des cartes d’identité sur le dos des chèques", a-t-il rappelé.