L'avion tunisien endommagé à Nantes: Les révélations...
Des erreurs humaines et un défaut d’informations ont été dénombrés dans un rapport d’enquête rendu fin décembre par le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), au sujet d’un accident qui s’était déroulé en 2022, sur un vol en provenance de Tunisie (Djerba-Nantes). L’incident n’avait fait aucun blessé.
La fin du vol avait causé une belle frayeur aux passagers en provenance de Tunisie. Le 1er octobre 2022, un Boeing 737 de Transavia transportant 171 personnes atterrit de manière un brin brutale sur le terrain de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Même l’équipage, pourtant habitué aux vols, est surpris par la violence du choc, par le rebond inhabituel de l’appareil et par l’étrange bruit entendu sous le fuselage, lors du roulement de l’avion sur la piste. Les passagers inquiets étaient loin de se douter que leur aéronef venait de perdre deux pneus de son train d’atterrissage avant, éclatés lors du premier contact musclé avec la piste. Et que le copilote à la manœuvre ce jour-là, en formation, avait confié au commandant de bord qu’il espérait ne pas reproduire l’atterrissage déjà bien «ferme» réalisé la veille sur la même piste. Chose promise, chose due : cela fut pire.
Deux ans plus tard, un rapport d’enquête de sécurité du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), du 24 décembre 2024, éclaire les circonstances de cet accident qui n’a fait aucun blessé. L’avion, en revanche, a été gravement endommagé. L’éclatement des pneus puis d’une partie des jantes sur lesquelles reposait l’appareil de plus de 50 tonnes a abîmé le train d’atterrissage avant et déformé son caisson ainsi que son cadre. Plusieurs traces d’impacts «très probablement causés par des éléments des roues et des pneus» ont aussi été identifiées sur la cellule et les moteurs de cet aéronef mis en service en 2007. Autant de dégâts qui ont nécessité d’importantes réparations avant que l’avion ne réintègre la flotte de Transavia.
«Actions inadaptées»
Âgé de 34 ans à la date de l’incident, le copilote chargé de réaliser l’atterrissage de l’avion totalisait 448 heures de vol, dont 63 sur Boeing 737. Il se trouvait dans la phase dite d’«adaptation en ligne» de sa formation, qui parachève l’apprentissage des pilotes de vols commerciaux. Sur le vol Djerba-Nantes du 1er octobre 2022, le trentenaire accompagnait son instructeur, un commandant de bord émérite cumulant plus de 13.000 heures de vol à son actif. Le rapport du BEA, consultable en ligne, relève que les actions des deux pilotes ont pu contribuer à l’atterrissage dur, notamment les «actions inadaptées du copilote pour augmenter l’assiette et réduire la poussée» à un moment critique, ou «l’absence d’anticipation des commandes de la part de l’instructeur», celui-ci ayant attendu l’impact et le rebond de l’avion avant d’intervenir.
Comme le signalent toutefois les enquêteurs du BEA, le copilote du vol Djerba-Nantes avait à faire atterrir l’avion sur la piste 21 de l’aéroport. Soit un segment réputé complexe à appréhender. Désaxée, la piste en question présente également plusieurs changements de pente, avec en particulier une bosse pouvant «perturber la perception visuelle du pilote», occasionnant ainsi de fréquents atterrissages durs. Entre janvier et novembre 2022, l’aéroport de Nantes-Atlantique s’est d’ailleurs avéré être la première destination génératrice de ce genre d’incidents chez Transavia, ex aequo avec Mykonos, en Grèce, détaille le rapport.
Dans ses recommandations, présentées en conclusion du rapport, le BEA suggère à Vinci, le concessionnaire de l’aéroport, de «faire figurer dans l’AIP (la publication d’information aéronautique, NDLR.) les non-conformités identifiées de l’approche et de la piste», étant donné que les pentes problématiques sont mal indiquées aux exploitants aériens. Le BEA prend également acte des mesures prises par Transavia dans la foulée de l’accident, en particulier en retirant les aéroports à l’approche plus complexe des destinations visitées par les pilotes en «adaptation en ligne».
La non-conformité de la piste 21 de l’aéroport Nantes-Atlantique avait été épinglée dès 2015, à l’occasion d’une étude de sécurité. L’exploitant de la plateforme a cependant estimé que l’approche présentait un «niveau de sécurité acceptable», écartant l’idée de travaux visant à aplanir cette langue de terre et d’asphalte. Un très hypothétique chantier qui aurait entraîné la fermeture de l’aéroport pendant plusieurs mois.
(LeFigaro)