France : Le gouvernement exclut le redémarrage de la Ligue 1 en juin
"La saison 2019-2020 de sports professionnels ne pourra pas reprendre": en excluant tout redémarrage avant août, le gouvernement français a contraint mardi le football et le rugby à accepter l'évidence d'un arrêt historique de leurs saisons.
Exposant son plan de déconfinement, le Premier ministre Edouard Philippe a sifflé la fin de la partie pour les compétitions professionnelles (L1, L2, Top 14, Pro D2) suspendues depuis la mi-mars à cause du coronavirus. Football et rugby ont rejoint basket, handball et volley, qui avaient déjà acté la clôture définitive de leur saison dans des circonstances inédites pour le sport français depuis la Seconde Guerre mondiale.
"Les grandes manifestations sportives (...), tous les événements qui regroupent plus de 5000 participants (...) ne pourront se tenir avant le mois de septembre", a déclaré le Premier ministre devant les députés.
Le Ministère des sports a ensuite précisé à l'AFP qu'il ne pourrait pas y avoir de compétition "même à huis clos" avant fin juillet, laissant ouverte la possibilité de la tenue de certains matches en août. Cela pourrait permettre à Lyon et au Paris SG de terminer leur parcours en Ligue des champions courant août, hypothèse privilégiée par l'UEFA, le club parisien envisageant même de disputer son quart de finale à l'étranger si la situation sanitaire l'y obligeait.
En attendant, l'horizon s'est brusquement bouché pour le football, sport-roi au pays des champions du monde.
Le président de la Fédération française (FFF) Noël Le Graët a d'ailleurs pris acte de l'avis gouvernemental en déclarant au quotidien breton Le Télégramme que la Ligue 1 et la Ligue 2 étaient "définitivement arrêtées pour la saison 2019-2020", dans l'attente de la décision finale de la Ligue de football professionnel (LFP), qui doit réunir son bureau jeudi et son assemblée générale mi-mai. Le National 1 (3e division) et la 1re division féminine, dans l'attente jusque-là, prennent aussi fin.
- "Un secteur sinistré" -
L'hypothèse privilégiée par la Ligue de football professionnel (LFP), à savoir reprendre la Ligue 1 le 17 juin à huis clos, et la terminer le 25 juillet, est donc caduque, générant une immense incertitude financière pour un secteur très dépendant de ses droits TV.
Pour l'heure, il va falloir trancher la question de l'attribution du titre de champion (le PSG occupait la première place avant la suspension), celle des places européennes et les éventuelles relégations.
Et la stabilité économique sera mise à l'épreuve: "Quid des finances des clubs ? Six mois sans recettes, comment on fait ? Comme le tourisme ou l'aérien nous sommes un secteur sinistré, c'est officiel désormais", a résumé le président d'un club de Ligue 1 auprès de l'AFP, très inquiet.
Selon une estimation du ministère des Sports, les pertes pour les six sports professionnels majeurs (foot, rugby, cyclisme, handball, volley, basket), s'élèvent à 1,45 milliard d'euros en cas de non-reprise des championnats. Dont 1,16 milliard d'euros pour le seul football professionnel (clubs de L1 et L2).
Mais pour Sylvain Kastendeuch, co-président du syndicat de footballeurs UNFP, c'est une décision "responsable". "Le gouvernement a compris que l'urgence économique ne devait pas prendre le pas sur l'impératif de santé publique", a-t-il réagi.