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CAN 2022: Burkina Faso, le foot au temps du coup d’Etat

Les Étalons du Burkina Faso s’apprêtent à affronter, samedi à Garoua, les Aigles de Carthage dans le cadre des quarts de finale de la Coupe d’Afrique des Nations qui se poursuivra au Cameroun jusqu’au 6 février prochain.

Les joueurs burkinabés, qui avaient éliminé le Gabon aux huitièmes, gardent un œil sur ce qui se passe dans leur pays. Alors que le Burkina Faso disputait son match samedi dernier à Limbé, des coups de feu ont été entendus à 2000 kilomètres du Limbe Omnisport Stadium, à la capitale Ouagadougou.

Frontières fermées, le Président Roch Marc Christian Kaboré destitué, le lieutenant-colonel de 41 ans, Paul-Henri Sandaogo Damiba prend le pouvoir et un discours a été diffusé à la télévision nationale pour annoncer que le changement est arrivé, à Ouagadougou. `

A Limbé, au Cameroun, les joueurs du Burkina Faso venaient tout juste de décrocher leur billet de qualification aux quarts de finale de la CAN, après 120 minutes de jeu et une longue séance de tirs au but, remportée par les Étalons.

Les joueurs ont appris la nouvelle peu avant la rencontre, mais ils ont tout fait pour garder leur concertation. Plusieurs questions tournaient dans la tête des dirigeants de la Fédération Burkinabè du Football, le staff et les joueurs. Un sentiment de peur régnait et tous les joueurs ont tenté de prendre contact avec leurs proches, pour avoir des nouvelles et suivre en temps réel les évènements au pays.  

« On a des messages de nos familles qui nous disent de rester concentrés, qu’il faut essayer de procurer de l’émotion et de la joie aux gens mais c’est compliqué. On a ressenti après le match que quelque chose de grave se passait dans le pays », raconte le défenseur Steeve Yago à nos confrères de Le Parisien.

Sur le site de la Fédération Burkinabè du Football, aucun mot. Sur ses réseaux sociaux, la couverture de la participation des Étalons à la Coupe d’Afrique des Nations se poursuit normalement. Des photos du match remporté contre le Gabon, le départ de la délégation vers Garoua où Bertrand Traoré affronte la Tunisie samedi prochain et des photos d' entraînements. Rien de spécial.

« Si on remporte cette CAN, on apporte de la joie dans le cœur de nos supporters. Et ils se diront peut-être qu’il faut déposer les armes, oublier tout ça et vivre ensemble », déclare Hervé Koffi à Le Parisien, portier des Étalons et Homme du match face au Gabon après avoir arrêté le penalty de Llyod Palun, synonyme de qualification aux quarts de finale de la CAN.

Pour le gardien de but de 25 ans, ces évènements peuvent, en effet, constituer une source de motivation, « un supplément d’âme pour avoir de bons résultats et apaiser le cœur des Burkinabés », ajoute-t-il dans une déclaration accordée à Le Parisien.

En 2011, les Aigles de Carthage ont fait le voyage au Soudan pour participer au Championnat d’Afrique des Nations, alors que le pays venait tout juste de vivre une révolution, dite révolution du jasmin. La suite, on la connaît tous, un parcours sans faute avant de rentrer à la capitale Tunis, trophée du CHAN 2011 à la main.

Samedi prochain, le Burkina Faso affrontera donc la Tunisie dans un match où l’enjeu serait de se qualifier aux demi-finales. Les Burkinabés veulent rendre leur peuple heureux, mais la mission des Tunisiens est plus grande. « Refaire un coup d'Etat sportif semblable à celui réalisé contre le Nigéria aux huitièmes, mais aussi battre les Étalons qui nous avaient éliminé en 1998 et en 2017, dans le même tour de la compétition.

Samedi, c’est la Tunisie qui dépêchera le retour des Burkinabés à leurs bases, à Ouagadougou.

ADALA Ahmed  
 

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