La lenteur de la vaccination au Japon entretient le doute sur les JO
A trois mois des Jeux olympiques de Tokyo, le plus grand rendez-vous international depuis le début de la pandémie, la lenteur de la vaccination au Japon alimente les doutes sur la capacité à organiser l'événement, malgré l'assurance affichée par les organisateurs.
Le comité d'organisation et les responsables japonais soulignent que les vaccins ne sont pas une condition préalable à la tenue des Jeux qui s'ouvriront le 23 juillet après un report d'un an du fait de la crise sanitaire mondiale, une première en temps de paix.
Les participants n'auront pas à être vaccinés avant leur arrivée et il n'est pas prévu de donner la priorité à la vaccination des sportifs ou des volontaires japonais.
Au Japon, la vaccination traîne: 1,5 million de personnes environ avaient reçu une première dose de vaccin à la date de mercredi et seulement 827.000 étaient totalement vaccinées, soit moins de 0,7% de la population, selon des données officielles.
Cette lenteur qui peut surprendre dans la troisième économie du monde est due, selon des experts, à un mélange de prudence médicale et d'obstacles bureaucratiques. Elle commence cependant à irriter l'opinion publique.
Le gouvernement agit avec circonspection afin d'instaurer la confiance dans le vaccin, relève Takakazu Yamagishi, directeur du Centre des affaires internationales de l'Université Nanzan à Nagoya (centre), expert des politiques de santé.
Mais en voyant des vaccinations plus rapides à l'étranger, "de plus en plus de gens réalisent que le retard du processus de vaccination a mis le Japon dans une position difficile pour organiser les Jeux olympiques", explique-t-il à l'AFP. Cela pourrait "affaiblir leur soutien aux Jeux".
Une majorité de Japonais s'oppose déjà depuis des mois à la tenue des JO cet été, selon tous les sondages sur la question, et le Premier ministre Yoshihide Suga, qui doit faire face à des élections législatives cette année, sera jugé sur sa gestion de la crise du coronavirus.
- "Pas d'impact" sur les Jeux -
L'archipel nippon, qui a très vite fermé ses frontières en 2020, a été relativement épargné jusqu'ici comparé à d'autres pays, avec moins de 10.000 décès recensés officiellement.
Mais la situation sanitaire continue de préoccuper: plusieurs départements, dont celui de Tokyo, ont demandé cette semaine à être placés sous état d'urgence, pour la troisième fois depuis le début de la pandémie, en raison d'une nouvelle vague d'infections qui fragilise le système de santé.
Dans un article paru ce mois-ci dans le British Medical Journal, quatre experts ont cité, parmi des facteurs inquiétants, la "lenteur de la mise en place du vaccin" au Japon pour demander instamment que les plans d'organisation des Jeux soient "réexaminés de toute urgence".
Des sondages montrent que les trois quarts de la population japonaise considèrent que le déploiement des vaccins est lent et 60% se disent insatisfaits du programme gouvernemental.
Les organisateurs des JO assurent malgré tout que le rythme du déploiement n'aura pas d'impact sur l'événement. Ils ont déjà interdit l'accès au public venu de l'étranger, et doivent encore décider combien de spectateurs locaux pourraient être admis.
"Nous serons en mesure d'organiser les Jeux même sans vaccination", a répété mercredi à la presse le directeur général de Tokyo-2020, Toshiro Muto.
"Bien sûr, si les vaccins sont disponibles, ce serait un avantage (...). Mais en ce qui nous concerne, indépendamment du vaccin, nous prendrons des mesures fortes contre le Covid-19 pour pouvoir organiser les Jeux".
Le Comité international olympique (CIO) encourage les athlètes à se faire vacciner et a obtenu des doses chinoises pour les équipes de pays ayant un accès limité aux vaccins.
Plusieurs pays ont déjà vacciné leurs équipes olympiques ou prévoient de le faire.
Mais le temps presse pour atteindre une immunité significative au Japon avant l'ouverture des JO, relève M. Yamagishi, car des scientifiques estiment qu'il faut "environ six mois pour avoir une baisse nette" des infections. "Il est trop tard", constate-t-il.
(AFP)