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Évasion de Carlos Ghosn : Prison ferme pour deux complices américains

Un tribunal de Tokyo a condamné, ce lundi, deux Américains à de la prison ferme pour avoir aidé Carlos Ghosn à fuir le Japon fin 2019, caché dans un gros caisson de matériel audio pour esquiver les contrôles à l'aéroport.

Michael Taylor, 60 ans, ancien membre des forces spéciales américaines, a été condamné à deux ans de prison et son fils Peter Taylor, 28 ans, à un an et huit mois de réclusion.

Durant leur procès qui s'était ouvert mi-juin, les deux hommes avaient reconnu les accusations pesant contre eux et s'étaient excusés en disant regretter leurs actes. Ils avaient aussi assuré n'avoir pas agi par appât du gain.

Début juillet, le parquet avait requis deux ans et dix mois de prison contre Michael Taylor et deux ans et demi pour son fils.

Leurs avocats avaient plaidé pour des peines avec sursis, en arguant notamment que Carlos Ghosn était le principal instigateur de toute l'opération, et que les Taylor avaient déjà passé dix mois en détention provisoire aux Etats-Unis avant d'être extradés au Japon en mars de cette année.

Mais le juge principal, Hideo Nirei, a souligné lundi qu'il s'agissait d'un "crime grave" car la perspective de voir un jour Ghosn jugé au Japon s'est évaporée.

"Les deux accusés ont mené à bien une fuite à l'étranger sans précédent" et ont joué un rôle proactif dans cette opération, a poursuivi le juge.

- Appât du gain? -

Nirei a aussi estimé que les complices avaient été motivés par de l'argent, et non parce que Michael Taylor a via son épouse de lointaines relations de parenté avec la famille de Carlos Ghosn au Liban.

Les Taylor avaient reçu de l'entourage de Ghosn plus de 860.000 dollars pour préparer et financer l'opération, la moitié environ ayant servi à louer les jets privés. Ils avaient ensuite touché l'équivalent de 500.000 dollars en Bitcoin pour payer leurs frais d'avocats, selon les enquêteurs.

En résidant en permanence au Liban depuis sa fuite, Ghosn reste, lui, hors de portée de la justice japonaise car le pays du Cèdre n'extrade par ses ressortissants.

Un autre complice présumé, un homme d'origine libanaise du nom de George-Antoine Zayek, est toujours recherché.

Fin 2019, l'ancien grand patron de Renault et Nissan était en liberté sous caution à Tokyo, avec l'interdiction de quitter le Japon dans l'attente d'un procès pour malversations financières présumées quand il était à la tête de Nissan. Ghosn a toujours clamé son innocence.

Le 29 décembre 2019, après avoir voyagé incognito de Tokyo à Osaka en shinkansen, le train à grande vitesse japonais, il s'était caché dans un gros caisson de matériel audio percé de petits trous discrets pour lui permettre de respirer.

M. Ghosn avait ainsi échappé aux contrôles à l'aéroport international du Kansai. Les contrôles de bagages n'étaient à l'époque pas obligatoires pour des passagers embarquant à bord d'un jet privé.

- Autre procès en cours -

Dans la foulée, le Franco-libano-brésilien avait rejoint Beyrouth via Istanbul à bord de jets privés loués pour l'occasion. Sa fuite avait profondément humilié les autorités japonaises.

En février, trois personnes avaient été condamnés à plus de quatre ans de prison chacune par un tribunal d'Istanbul dans cette affaire: un responsable d'une société turque de locations de jets, ainsi que deux pilotes.

La fuite de Ghosn n'a cependant pas empêché l'ouverture en septembre 2020 d'un procès pénal à Tokyo au sujet de rémunérations différées totalisant plusieurs dizaines de millions de dollars qu'il était censé toucher ultérieurement, mais sans que cela soit mentionné dans les rapports boursiers du groupe.

Un ancien responsable juridique de Nissan, Greg Kelly, qui avait été arrêté au Japon le même jour que Ghosn en novembre 2018, est toujours jugé actuellement dans cette affaire et encourt dix ans de prison, voire davantage.

Cet Américain de 64 ans clame son innocence depuis le début, tandis que Nissan, jugé en tant que personne morale, a plaidé coupable.

Les réquisitions dans ce procès sont programmées pour le 29 septembre, puis les plaidoiries de la défense le 27 octobre.

(AFP)

 

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