France: un ancien collaborateur de Macron placé en garde à vue
Alexandre Benalla a été placé en garde à vue jeudi matin dans l'enquête sur l'utilisation controversée de ses passeports diplomatiques, après son limogeage de l'Elysée cet été, a-t-on appris auprès du parquet de Paris, confirmant une information du Parisien.
Cette enquête, ouverte le 29 décembre, notamment pour "abus de confiance" et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle", a été étendue mercredi "aux infractions de faux, usage de faux et obtention indue d'un document administratif" après un signalement de la présidence de la République, a précisé le parquet.
L'ancien collaborateur du président Emmanuel Macron a déjà été à l'origine d'une tempête politique cet été, après avoir été identifié sur des vidéos, en train d'interpeller violemment des manifestants à Paris le 1er mai, alors qu'il était présent aux côtés des forces de l'ordre en qualité d'"observateur". Pour ces faits, il a été mis en examen à deux reprises.
L'affaire avait rebondi en décembre, après des informations de Médiapart faisant état de l'utilisation de passeports diplomatiques par Alexandre Benalla après son licenciement, ce qui a conduit à l'ouverture d'une nouvelle enquête et à la reprise des travaux de la commission du Sénat enquêtant sur cette affaire depuis juillet.
Devant cette commission, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a révélé mercredi que M. Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement, entre le 1er août et le 31 décembre.
M. Strzoda a également souligné que M. Benalla avait été en possession de deux passeports de service, le premier délivré en 2016, "bien avant" son arrivée à l'Élysée, le deuxième le 28 juin 2018. Tous deux ont été invalidés le 31 juillet 2018.
Il a ajouté que la demande du second passeport de service avait été faite par Alexandre Benalla au ministère de l'Intérieur, par une lettre à en-tête du chef de cabinet de l'Élysée, mais "dactylographiée" et non signée.
En clair, "nous soupçonnons une falsification faite par M. Benalla", a affirmé M. Strzoda, avant de préciser que la justice avait été saisie.
Ces déclarations semblent contredire l'affirmation, faite par Alexandre Benalla lors de sa propre audition le 19 septembre, selon laquelle il avait laissé dans son bureau de l'Élysée les passeports diplomatiques après son limogeage.
L'ancien chargé de mission doit être entendu à nouveau par la commission d'enquête du Sénat lundi.
Jeudi matin, le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner, a dit sur CNews avoir la "conviction" que M. Benalla avait menti. Il a envisagé la saisine de la justice pour "parjure" si cela se confirmait.