Ghannouchi fait le bilan: Huit ans après la Révolution
Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a participé, ce samedi 12 janvier 2019, à une conférence portant sur le bilan du processus démocratique 8 ans après la Révolution, au Centre des études stratégiques et démocratiques (CEDS).
Notre candidat à la présidentielle ne sera pas d'Ennahdha
Rached Ghannouchi, a indiqué que la présidentielle ne figure pas parmi ses ambitions, ajoutant cependant que contrairement aux élections de 2014, son parti y prendra part et présentera probablement un candidat qui n'appartient pas au mouvement.
Affirmant l'attachement de son parti à ce que les élections aient lieu à la date fixée, Ghannouchi a déclaré que le retard enregistré au niveau de la composition des instances constitutionnelles indiquerait une tendance vers l'amendement de la loi régissant l'élection de leurs membres qui se limiterait à 109 voix uniquement.
Le processus démocratique est réussi
"La révolution tunisienne est une révolution intelligente qui a réussi sa transition démocratique, notamment sur le plan du développement économique", a encore déclaré Ghannouchi.
Il a, en effet, considéré que le système politique a empêché l'abus de pouvoir et que la Constitution a réalisé un certain équilibre identitaire, tout en évoquant l'initiative appréciée du président de la République portant sur l'égalité dans l'héritage qui, selon lui, garantirait l'union de la Tunisie.
Sur un autre plan, Ghannouchi a expliqué que son parti respectera les résultats des prochaines élections et se conformera au principe de consensus, louant dans ce sens ,la réussite de l'expérience de l'alliance avec Béji Caid Essebsi et le Nidaa en plus général.
Quant au soutien apporté par Ennahdha à Youssef Chahed, il a expliqué : "Notre attachement à la stabilité gouvernementale n'est pas synonyme d'une tentative d'un coup d'Etat, mais plutôt une volonté de correction du processus".
Le gouvernement ne devrait pas se laisser distraire par la Présidentielle
Ghannouchi a critiqué les reproches dont l'actuel gouvernement est accablé, "Bien qu'âgé d'à peine deux mois et alors que la situation est critique depuis 2014." a-t-il dit.
Le chef du parti a expliqué que Youssef Chahed a le droit de se présenter à la présidentielle de 2019, de participer à la vie politique ainsi que de former un parti, mais que le gouvernement en place devrait se concentrer sur ses tâches fondamentales plutôt qu'exploiter les appareils de l'Etat dans des campagnes électorales et se laisser distraire par une éventuelle candidature.
Nul ne doit interférer dans le travail de la justice :
En réaction à l'affaire de l'appareil secret d'Ennahdha et son lien avec l'assassinat des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, Rached Ghannouchi a souligné qu'une forte pression est en train de s'exercer sur le corps judiciaire tout en appelant à respecter son indépendance. "Cela nous rappelle, désormais des pratiques de l'ancien régime ". a-t-il lancé. Et de nier l'existence même de cet appareil.
Mustapha Khedher n'est pas un criminel
Quant à l'affaire de Mohamed Brahmi où Mustapha Khedher est accusé d'homicide volontaire, le président d'Ennahdha a commenté : "Khedher n'est pas un criminel. Victime d'oppression, il a écopé de 8 ans de prison pour s'être mêlé de dossiers qui ne le concernaient pas", a-t-il expliqué.
Le chef d'Ennahdha craint, d'ailleurs, que les campagnes de dénigrement menées contre son parti ne visent une éventuelle annulation des élections ou même une exclusion pure et simple du mouvement.
Il a, enfin, mis en garde contre l'exploitation des affaires judiciaires pour manipuler de l'opinion publique ou à des fins politiques.