languageالعربية

Affaire d'espionnage : Machrou Tounes demande une enquête

Les députés du bloc parlementaire du parti Machrou Tounes ont adressé vendredi une correspondance officielle au ministère de la justice et à la présidence de la république pour demander l'ouverture d'une enquête et d’obtenir une réponse officielle sur "l'affaire d'espionnage, des écoutes et d'infiltration des systèmes informatiques de la présidence de la république et des différents appareils de l'Etats durant sept ans".


"Cette demande fait suite aux affirmations du directeur des affaires politiques du parti au pouvoir Nidaa Tounes, Borhene Bessaies, selon lesquelles les services de la présidence de la républiques sont infiltrés soit par des écoutes téléphoniques ou dans les systèmes informatiques et à ses multiples déclarations faisant état de sa conviction profonde que des proches du président de la république, de son entourage et ses conseillers anciens et actuels sont impliqués dans des opérations d'espionnage au profit d'autres services étrangers", a déclaré le député de Machrou Tounes, Sahbi Ben Frej.


Il a indiqué que le but de l'envoi de la correspondance "est de s'assurer des affirmations de Besaies, connaître le sort réservé à cette affaire, les accusations, les arrestations et les procès intentés, évaluer le dommage subi par la sécurité de l'état intérieur et extérieur du pays du fait que le président de la république est le responsable constitutionnellement de la sécurité du pays, au cas ou ces affirmations seraient corroborées. Elle vise aussi à s'interroger sur les raisons du silence des services de la présidences de la république sur cette affaire qui constitue une humiliation à l'Etat tunisien si les déclarations de Besaies sont de simples assertions faites dans le cadre des tiraillements politiques".


Ben Frej a fait remarquer que "la présidence de la république n'a opposé aucun démenti ou fait un commentaire sur cette affaire malgré sa gravité", précisant que les députés de son bloc parlementaire attendent une réponse des services de la présidence et du ministère de la justice avant de demander au ministère public d'ouvrir une enquête et d’assumer sa responsabilité".


Borhene Besaies avait affirmé sur son compte facebook, le 8 février dernier, qu'il "existe une volonté de passer sous silence le dossier sur une enquête judiciaire portant sur un réseau d'espionnage étranger d'un haut degré de gravité publié par un quotidien". "C'est un véritable séisme politique, plus grave que toutes les autres questions posées actuellement", a-t-il souligné.


Selon le directeur des affaires politiques de Nidaa Tounes, "le responsable du réseau est un homme d'affaires français qui a infiltré de hauts niveaux du pouvoir en Tunisie de 2011 à 2017 et a pu enrôler des personnalités politiques de haut niveau ainsi qu'un conseiller de l'entourage de l'ex-président Moncef Marzouki, un autre conseiller et un activiste politique ainsi que d'autres personnalités proches du président Caid Essebsi, outre une liste de hauts fonctionnaires dans les différents ministères et des figures actives dans les partis et les organisations nationales".


Dans cette affaire, le porte-parole du pole judiciaire, économique et financier, Sofiene Selliti a indiqué que "trois personnes ont été écrouées dans ce dossier ou sont impliquées des personnes étrangères et tunisiennes portant sur des crimes financiers et de pots de vin". Il a fait état de l'arrestation d'un directeur adjoint du ministère des biens de l'Etat, d’un conseiller auprès du ministre de la santé et l'émission d'un mandat d'arrêt à l'encontre d'un cadre du ministère du tourisme.


L'interdiction de voyage dans cette affaire a touché les six personnes objet de l'enquête, dont un Français et l'expert économique Moez Joudi, a-t-il précisé.


Le Juge d’instruction près le pôle économique et financier a convoqué également l’ancien conseiller de l’ancien président, Moncef Marzouki, Aziz Kirchen, le Secrétaire général du Mouvement Machrou Tounes, Mohsen Marzouk et le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Bouali M’barki en tant que témoins dans ce dossier. 


"Cette affaire n’est pas une affaire d'espionnage ou de conspiration", a cependant affirmé le porte-parole, en réponse aux rumeurs qui circulaient à ce sujet.


Le quotidien "Al-Chourouk" avait publié une enquête sur deux parties sous le titre "scandale d'espionnage en Tunisie...des ministres, des chefs de partis politiques, des directeurs de banques et un ancien directeur général de la douane impliqués dans un réseau d'espionnage dirigé par un homme d'affaire français".

tap

share