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F. Nouri : Seulement 1/3 du déficit est dû à la hausse des salaires

Fethi Nouri, économiste et universitaire était l’invité de Midi Show aujourd’hui, lundi 29 août 2016. Il a analysé les données économiques évoquées par le chef du gouvernement Youssef Chahed lors de son discours donné à l’ARP vendredi dernier.


Nouri a dit que les chiffres évoqués font certes peur. Mais qu’il ne faut pas paniquer pour autant. « Si je résume le discours du chef du gouvernement, je dirais que la Tunisie  est passée de l’état d’alerte à l’état de danger. Il dit que ce qu’on retient du discours de Chahed, c’est qu’il  incombe la responsabilité, en premier lieu, au peuple, au retard de l’adoption du code de l’investissement et au gouvernement.
Toutefois, Nouri explique que les dettes que la Tunisie a accumulées en 2016, ne sont pas seulement dues à la hausse des salaires. 

« Sur l’ensemble des dettes, la hausse des salaires ne représentent que 385 milliards et 380 milliards ont été dépensés en guise de soutien aux caisses sociales. Ceci ne représente donc même pas le 1/3 de l’ensemble. Il est à noter que l’évasion fiscale représente à elle-seule plus que la moitié des dettes. De plus les dépenses sont en hausse continue et en contre partie, les entrées d’argent sont en baisse. Donc n’exagérons pas et ne faisons pas peur aux salariés, ils ne sont pas les seuls à être en cause. Le taux d’endettement est certes passé  de 53%, à 62%. Ces huit points et demi de hausse ne sont pas dus à plus de prêts. Nous n’avons pas pris plus de prêts que prévu. Mais si ce taux ne baisse pas d’ici le début de l’année 2017, on y serait forcé », dit-il.

 


Le taux de change a largement contribué à la crise


Fethi Nouri explique par ailleurs que quasiment six points sur les 8.6 de manque sont dus au manque des entrées et la hausse des dépenses. Et ce, à cause du manque du développement économique. Il a ajouté que le reste de la différence qui est de 3.3 % est due à la faiblesse du taux de change.


La menace


L’économiste a expliqué que la situation économique et sociale a largement contribué à la crise économique. Il a dit que la politique d’austérité imposera que l’Etat réduise les services, élève les taxes et, à l’extrême, vire des salariés. « Si en début 2017, le taux de développement n’atteint pas le taux prévu au planning, on se trouvera dans une situation de déficit de 9.9% c'est-à-dire de 9 milliard de différence ! Et de toute l’histoire de la Tunisie, on n’a jamais atteint ce taux. On sera alors obligés d’opter pour les solutions extrêmes et les réformes douloureuses.



Tout dépend de Zied Laadhari


L’expert dit que même si la situation est difficile, il y a toujours des solutions. « Certains indices prouvent que le semestre prochain, serait meilleur en le comparant avec l’an dernier. De fait, l’an dernier on a enregistré un taux de développement de 1.1%. Durant le premier semestre de cette année on a enregistré 1.2% ; Sauf que le tourisme s’est amélioré et des prémices nous promettent d’espérer de bien meilleurs taux. Il est aujourd’hui question  d’atteindre 3.3% en 2017. Et pour ce faire, il faut mettre en place une politique économique. Et en parallèle, si on a du mal à y arriver, on peut par exemple réduire de 10% les salaires au lieu de virer les gens », dit-il. 


L’économiste ajoute qu’il faut mettre en place une politique sectorielle. « Contrairement à ce qui se dit, le ministre des Finances n’est pas le seul responsable de résoudre la crise économique.  Il ne fait que donner l’argent selon le budget dont il dispose. En revanche, l’homme de la situation est bel et bien le ministre de l’Industrie et du Commerce, à savoir Zied Laadhari. Il aura à sa charge de faire décoller les investissements.
S’il maîtrise et qu’on compresse les importations et qu’on améliore les exportations, on peut passer à un autre pallier. On peut par exemple stopper l’importation, au moins durant une année. Plus de kiwi, plus de chocolat importée, plus de produits de beauté importés, etc. On limite l’importation aux  moteurs, pièces détachés, etc. En parallèle, on booste l’exportation. Mais pour ce faire, il ne faut plus miser sur des compétences des anciens régimes en les recyclant ! Il faut des cadres jeunes et ouverts sur le monde qui savent qu’est-ce qui marche. Ces derniers peuvent même être recrutés à titre de consultants pour élaborer des plans et faire des études du marché, secteur par secteur. Les anciens sont, et de loin, dépassés.


En parallèle, il faut qu’il y ait des Conseils au sein de l’ARP pour mieux gérer le temps des députés et ne plus retarder les projets de loi à l’instar du Code de l’investissement. Il faut également faire un audit de la situation économique de l’année. C’est le seul moyen de connaitre la vraie faille, le ou les secteurs concernés et y remédier. Les solutions pansements ne pourront jamais résoudre la crise. Et pour finir, il faut surtout et avant tout atteindre la stabilité politique. C’est le seul moyen d’attirer des investisseurs », conclut-il.
 

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