Pourquoi les ados consomment-ils de la drogue ?

"La consommation et le trafic de la drogue est un fléau social qui existe depuis belle lurette en Tunisie, mais il s'est considérablement proliféré, ces dernières années", a déclaré Najet Arari, sociologue, lors de son passage dans Midi Show, ce mercredi 17 avril 2024.

Et d'ajouter qu'ne enquête, publiée par l'Institut national de la santé en 2023, a montré que la consommation de drogue s'est multipliée par cinq, chez les jeunes de 16 à 18 ans, précisant que ces statistiques ne sont pas précises et qu'elles font partie de ce que l'on appelle les "chiffres noirs".

"Ce sont des chiffres noirs, car les questionnaires ne parviennent pas au consommateur et ils doivent donc être multipliés par quatre", a-t-elle expliqué.

L'émergence de fléaux et la propagation de phénomènes sont généralement associées à des crises économiques, dans lesquelles les marchés illicites, notamment des armes et de la drogue, prospèrent, analyse la sociologue.

Et à elle d'attribuer l'augmentation de la consommation de stupéfiants chez les adolescents à plusieurs raisons, dont la première est la "disponibilité du produit". Elle indique, en effet, que la drogue est omniprésente en Tunisie, même dans les écoles. En consommer est en passe de devenir une habitude quotidienne pour les adolescents, surtout en l'absence d'une prise en charge sérieuse de cette question par l'Etat, malgré les efforts de la société civile, selon ses propos..

L'invitée de Midi Show a, également, estimé que l'adolescence est l'âge de l'expérimentation, où l'on est facilement influençable. "Et quand on ajoute l'abandon par la famille de son rôle de socialisation ainsi que l'expansion des réseaux Internet, on comprend la prolifération du fléau", affirme-t-elle.

Arari a, par ailleurs, évoqué la politique de l'État, qui n'a retenu que l'approche sécuritaire pour lutter contre ce phénomène, alors que l'approche devrait être globale, en commençant par la prévention, l'intégration et l'implication des jeunes dans la sensibilisation, selon elle.

Et d'exprimer son étonnement de l'absence de centres de traitement des addictions en Tunisie, alors que le taux de consommation de drogue a au moins doublé.