L'inflation toujours en hausse.. bientôt un ratio à deux chiffres?
Le taux d'inflation en Tunisie n'a pas cessé d'augmenter depuis le début de l'année, dans un contexte marqué par la hausse des prix de plusieurs aliments à l'échelle internationale à cause de la guerre en Ukraine ainsi que par la pénurie de plusieurs aliments de base sur le marché national.
En effet, ce taux au mois d'octobre ce taux a atteint 9.2% contre 8.6% au mois d'août, soir le plus haut taux jamais enregistré depuis 40 ans.
Les principales raisons de l'augmentation de l'inflation
Selon les statistiques de l'Institut national de la statistique, cette hausse est expliquée par l’accroissement des prix des produits alimentaires de 12,9% sur un an, en raison notamment de l’augmentation des prix des œufs de 33,3%, des viandes ovines de 21,1%, des huiles alimentaires de 20,8%, des légumes frais de 18,5%, des viandes bovines de 15,1%, et des viandes des volailles de 15%.
De même, les prix des produits manufacturés ont évolué de 9,6%, suite à la hausse des prix des matériaux de construction de 10,3%, des produits de l’habillement de 9,7% et des produits d’entretien courant du foyer de 9,4%.
Pour les services, l’augmentation des prix de 6,2% sur un an est expliquée par l’accroissement des prix des services des restaurants, cafés et hôtels de 9,6%.
Le taux d’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie) a également évolué à 7,4% contre 7,3% le mois précédent.Les prix des produits libres (non encadrés) ont augmenté de 10,3% sur un an, alors que les prix des produits encadrés ont évolué, quant à eux, de 6%.
Les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 15,3% contre 0,5% pour les produits alimentaires à prix encadrés.
Le Tunisie a perdu 40% de son pouvoir d'achat
L'expert en économie, Ezzeddine Saïdane, a déclaré que le citoyens a perdu 40% de son pouvoir d'achat. Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, Saïdane a fait savoir que la hausse du taux des dépenses quotidiennes des Tunisiens met à nu la fragilité de l'économie tunisienne.
Par ailleurs, Saïdane pense qu'il ne faut pas comparer la Tunisie à d'autres pays, soulignant que dans d'autres pays, connaissant une inflation, le taux du chômage est en baisse alors que le taux de croissance est en hausse.
Et d'ajouter : "Il ne faut pas oublier que la Tunisie importe 60% de ses besoins en céréales et 50% de ses besoins en énergie outre le fait qu'elle poursuit sa politique d'emprunts intérieurs et extérieurs.
Ce que pensent les experts en économie
Dans cette optique, plusieurs experts en économie ainsi que le gouverneur de la banque centrale de la Tunisie, Marouane Abbasi ont mis en garde contre la possibilité que l'inflation atteigne un ratio à deux chiffres.
Pour l'ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, si la situation intérieure et internationale reste inchangée, l'inflation pourrait atteindre un ratio à deux chiffres.
Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, il a appelé la BCT et le gouvernement à lutter contre la forte inflation afin qu'elle reste à des niveaux raisonnables, selon ses dires.
Le gouverneur de la banque centrale, lui, avait indiqué en Mai 2022, que la plus grande catastrophe serait une hausse du taux d'inflation, à deux chiffres.
"La guerre russo-ukrainienne a eu des répercussions sur les économies mondiales, y compris celle de la Tunisie", a poursuivi le gouverneur de la Banque centrale.
L’économiste Aram Belhaj a indiqué, dans Midi Show le 15 août 2022, que la Tunisie est entrée dans la phase de récession inflationniste qui se caractérise par une constante hausse du taux d’inflation et d’une baisse de la production.
"Le conflit russo-ukrainien a aggravé la situation en Tunisie, mais il n’explique pas une telle hausse du taux d’inflation. Il y a aussi la pénurie de certains produits de première nécessité, le laxisme du gouvernement, de la Banque centrale et la récente révision de la politique monétaire américaine", a-t-il ajouté.
L’universitaire et expert économique Ridha Chkoundali a, quant à lui, indiqué, sur les ondes de Mosaïque FM, que la hausse du taux d’inflation en octobre prouve que cette problématique est structurelle et non conjoncturelle.