Ligue 1 : une saison 2016-2017, marquée par la violence
La polémique ayant suivi le derby qui a opposé dimanche dernier, 30 avril 2017, le Club Africain à l’Espérance Sportive de Tunis, continue de battre son plein, pas à cause de la qualité du spectacle offert par les deux protagonistes de ce choc, loin de là. On joue à la 67e minute de la rencontre, le jeu a été interrompu pendant plus de cinq minutes après l’utilisation du gaz lacrymogène par les forces de l’ordre pour maitriser la situation dans les tribunes du Club Africain et ce suite à l’éclatement de la violence.
Ces évènements risquent d’être lourds en conséquences, non seulement pour le Club Africain mais aussi pour tous les clubs de Ligue 1 d’autant plus que le ministère des affaires de la jeunesse et du sport menace d’imposer le huis-clos en cas de récidive ce que la Fédération Tunisienne de Football refuse catégoriquement.
La goutte qui a fait déborder le vase ? Peut-être oui, vu que le derby n’était pas le match qui a tout déclenché. L’autorité de tutelle et même le chef du gouvernement Youssef Chahed avaient menacé d’imposer le huis-clos pour le reste des rencontres de Ligue 1 sur fond des évènements déplorables qui se sont produits lors du match entre l’US Ben Guerdane et le CA Bizertin et qui auraient pu coûter cher à Lassaâd Dridi qui s’en est bien sorti avec quelques points de suture après le jet de pierres et de projectiles par le public local. Une affaire qui aurait pu dépasser le cadre sportif…
C’est un incident qui nous rappelle de l’horreur vécu par le CSS à Gabès, un certain 25 avril 2014, quand le joueur Oussama Husseini a été victime d’une fracture du crâne après avoir reçu une pierre de plein fouet. Idem pour le défenseur du CSS, Zied Derbali qui a été à son tour blessé à la tête par une pierre jetée par le public de l’EGSG le 28 février 2016.
Pourtant, avant le coup d’envoi de l’exercice en cours, tout laisse penser que les choses vont se dérouler de la meilleure des manières après que le bureau fédéral a annoncé de nouvelles mesures dans le but de maitriser le phénomène de la violence dans les stades.
Des recommandations qui sont, visiblement, tombées dans l’oreille d’un sourd, en témoignent les évènements qui se sont déroulés à l’occasion des quarts de finale de la coupe de Tunisie quand le coach Faouzi Benzarti (entraineur de l’ESS à l’époque) et le médecin de l’EST, Yassine Ben Ahmed ont échangé les coups et les scènes de violences qui ont émaillé la finale de la coupe de Tunisie entre le CA et l’EST quand un supporter clubiste a failli mourir. Le derby aller de la première phase du championnat a été également marqué par la violence et 91 supporters ont été interpellés suite à ces évènements.
En dépit des mesures supplémentaires prises par le bureau fédéral en prévision des play-offs et du play-out et les nombreux rappels à l’ordre et mêmes les menaces de réduire le nombre de supporters en cas de dépassement, le phénomène s’est amplifié quand les choses sérieuses ont commencé.
Même le match de gala entre le Club Africain et le Paris Saint-Germain, la violence incompréhensible a pris le pas dans les tribunes. La délégation du Club Africain qui a fait le déplacement à Bembla pour jouer un match des seizièmes de finale de la coupe de Tunisie a évité le pire, or les matches qui opposaient le "Big four" de notre championnat aux clubs divisionnaires se déroulaient généralement dans une ambiance de fête. Le bus de l’ESS a été inexplicablement vandalisé également sur la route de Tataouine avant un match comptant pour la première phase du championnat.
Dans les divisions inférieures, la situation est encore pire. La violence dans les tribunes et sur la pelouse devient de plus en plus, monnaie courante, une violence qui n’a épargné ni les joueurs ni les arbitres.
A qui la faute ? aux autorités compétentes qui ont brillé par leur mutisme ? ou bien aux clubs qui n’ont pas fait le strict nécessaire pour encadrer leurs supporters et appeler leurs responsables à la retenue ? Les déclarations incendiaires de certains dirigeants sportifs se passent parfois de tout commentaire et ne font que jeter de l’huile sur le feu.
La crise est plus profonde que l’on imaginait et les solutions dépendent d’une volonté réelle de définir une approche pluridimensionnelle susceptible de lutter efficacement contre ce fléau. La violence menace non seulement l’avenir de notre football mais aussi la réputation de tout un peuple.
Medhat Guerbouj