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La Tunisie, cette sélection qui va surprendre!

Riche de ses cinq précédentes participations au Mondial, qui se sont toutes arrêtées au premier tour, la Tunisie s’apprête à honorer sa 6e apparition en une Coupe du monde, cette fois sur les terres d’une nation qui compte sur son territoire au moins 30 milles expatriés portant la nationalité du pays nord-africain, le Qatar. 

Dans ce que suit, nous allons retracer le chemin parcouru par la sélection tunisienne pour en arriver là, à sa 6eparticipation au mondial, mais aussi une sélection qui avait atteint la 14e place au classement FIFA en 2018, 30e aujourd’hui (classement octobre 2022). 

 

1978, la première victoire arabe et africaine au mondial !   

Il fallait attendre jusqu’à l’année 1978 pour voir la sélection tunisienne disputer une Coupe du monde. Qualifiée après un match historique face à l’Égypte (4-1, 11 décembre 1977), la Tunisie était la première nation arabe et africaine à décrocher une victoire au mondial. 

Nous sommes le 2 juin 1978, les hommes d’Abdelmajid Chattali réalisent l’exploit en s’imposant face au Mexique qui participe à sa 8e Coupe du monde. Au Stade Gigante de Arroyito à Rosario, les Tunisiens ont rendu une très bonne copie en battant les El Tricolor (3-1), buts d’Ali Kaabi, Nejib Gommidh et Mokhtar Dhouib. 

La bonne lancée n’a par ailleurs pas permis aux Tunisiens de se qualifier au second tour. Les coéquipiers de Hamadi Agrebi et de Tarek Dhiab, stars de cette sélection en 1978, se sont inclinés face à la Pologne (1-0) avant d’aller chercher un nul insuffisant contre l’Allemagne (0-0). Bilan, une victoire, une défaite, un nul, trois buts inscrits contre deux encaissés. 

44 ans après, les supporters tunisiens gardent encore les souvenirs de cette première apparition de leur sélection au mondial disputé en Argentine, marquée par une victoire face au Mexique lors d’un match diffusé en direct sur la télévision nationale, à l’époque. 

 

1998, le retour sur scène et la déception ! 

L’absence fût longue. Les Tunisiens ont attendu 20 ans pour revoir leur sélection se qualifier de nouveau à une Coupe du monde. Ce mondial, certes marqué dans les esprits des supporters par deux défaites et un nul, restera également dans la mémoire des fans pour les affrontements survenus entre les supporters tunisiens et anglais à Marseille. 

Durant cette Coupe du monde, la Tunisie d’Henryk Kasperczak, remercié après la défaite contre l’Angleterre au Vélodrome (2-0), s’est également inclinée contre la Colombie (1-0) dans un match où la domination des coéquipiers de Chokri El Ouaer était stérile. Au troisième match, la Tunisie est parvenue à décrocher un nul (1-1) face à la Roumanie, but de Skander Souyah sur penalty. 

Bilan, deux défaites, un nul, un but inscrit contre quatre encaissés. 

 

2002, un mondial à oublier… 

Logée dans le même groupe que la Russie, le Japon et la Belgique, la Tunisie n’a pas pu faire mieux que l’édition d’avant. Même parcours, même déception, mais un but magistral inscrit par le latéral Raouf Bouzaiene sur un coup-franc atterri directement dans les cages de Geert De Vlieger, que les Tunisiens n’ont toujours pas oublié. 

Mais ce mondial est venu dans une période où la sélection et sa fédération de football vivaient des moments très difficiles. La Fédération Tunisienne de Football avait, en effet, décidé de nommer Ammar Souayah en tant que sélectionneur après le limogeage du technicien français Henri Michel, à quelques mois de la Coupe du monde. 

Souayah avait dirigé une sélection en doute durant 6 rencontres dont trois en amical avec un bilan plutôt négatif. Deux défaites en amical face à la Slovénie et le Danemark et un nul contre le Norvège, puis trois autres matches au Japon, à oublier. 

Bilan au mondial asiatique, deux défaites contre la Russie et le Japon, un nul contre la Belgique, cinq buts encaissés et un but marqué. 

 

2006, le mondial des espoirs..

Champion d’Afrique 2004, une victoire à la Coupe des Confédérations 2005 contre l’Australie de Tim Cahil et Mark Viduka, la Tunisie de Roger Lemerre s’est envolée en Allemagne pour disputer la Coupe du monde 2006 dans le statut d’un outsider capable de créer la sensation et la surprise. 

L’espoir des tunisiens, désormais surnommés Les Aigles de Carthage, s’est éteint dès l’entame de leur campagne au mondial. Un nul frustrant contre l’Arabie Saoudite (2-2) au premier match a tué le suspens. Un nul obtenu grâce à l’attaquant vedette, symbole de La Grinta, Zied Jaziri, et au défenseur Radhi Jaidi, qui évoluait à l’époque à Bolton en Angleterre.  

Contre l’Espagne, la Tunisie de Jawher Mnari, unique buteur des Aigles lors de cette rencontre, les Hommes de Roger Lemerre avaient pourtant résisté pendant 70 minutes avant d’encaisser trois buts et de s’incliner au final (3-1). 

Arrive ensuite la mésaventure contre l’Ukraine (1-0). Une victoire à l’Olympiastadion de Berlin aurait offert une qualification historique aux coéquipiers de Karim Haggui mais l’intelligence d’Andriy Shevchenko et à un degré moins l’arbitrage injuste ont privé les Tunisiens de disputer, pour la première fois, le deuxième tour d’une Coupe du monde. 

Les choix de Lemerre durant ce mondial ont, en effet, laissé un goût amer. A l’aube de cette Coupe du monde, le sélectionneur français décide de convoquer le latéral droit des Girondins de Bordeaux David Jemmali. 

Le joueur, âgé de 32 ans à l’époque, avait jusque-là refusé les multiples tentatives de le convaincre d’endosser le maillot de la sélection tunisienne. En 2006, après avoir perdu l’espoir de jouer pour l’équipe de France, David Jemmali accepte enfin de représenter la Tunisie, suscitant une grande colère au sein de la sélection des Aigles de Carthage, qui comptait à l’époque l’un des meilleurs latéraux droit au monde, Hatem Trabelsi, alors joueur de l’Ajax Amsterdam. 

Outre l’ambiance qui semblait être peu familiale au sein du groupe, Roger Lemerre était également obligé de se passer des services du buteur historique de la Tunisie Issam Jemaa (RC Lens) pour blessure et de ramener le brésilien naturalisé tunisien Francileudo Santos contraint de rater les deux premières rencontres du mondial pour le même motif.

Niveau records, la Tunisie a enregistré un chiffre qui résista tout de même pour quelques années. La sélection des Aigles de Carthage comptait dans ses rangs le gardien Ali Boumnijel, 40 ans, le joueur le plus âgé lors de la Coupe du monde 2006. 

Bilan, encore deux défaites et un nul. 

2018, le mondial des supporters tunisiens par excellence ! 

Une nouvelle génération fait son apparition. La Tunisie retrouve la Coupe du monde après 12 ans d’absence et les espoirs étaient cette fois, encore beaucoup plus grands. Grand, au point qu’une phrase, lancée sur les réseaux sociaux, devient aussi virale même chez les médias locaux, « un nul contre l’Angleterre, une défaite contre la Belgique, une victoire face au Panama et on décrochera la qualification au second tour du mondial. » 

Avant cette Coupe du monde Russie 2018, la Tunisie, menée par Nabil Maaloul et désormais 14e au classement FIFA (avril 2018), a donné des très bons signes lors des amicaux. Deux victoires contre l’Iran et le Costa Rica de Keylor Navas, un nul face au Portugal puis la Turquie et une défaite au plus petit des scores face au Champion du monde 2010, l’Espagne. 

A Moscou, à Volgograd ou encore à Saransk, le show ne s’est pourtant pas déroulé sur le terrain. Les supporters tunisiens, qui ont fait le déplacement en masse, ont volé la vedette aux 23 Aigles qui ont représenté la Tunisie au Mondial 2018. La place rouge de Moscou en était témoin.  

Les Hommes de Nabil Maaloul étaient pourtant à deux doigts de réaliser le plan dressé par les supporters sur les réseaux sociaux. Nous sommes au Volgograd Arena, on jouait les arrêts de jeu et le score était de parité (1-1) entre la Tunisie et l’Angleterre lorsque Hary Kane est parvenu à inscrire le but de la victoire des Three Lions sur une frappe de tête dans la surface. Rêve brisé, à la 90+1e minute de la rencontre. 

Au second match, la Tunisie s’incline logiquement face à la Belgique (5-2) mais les Aigles de Carthage ont tout de même signé leur deuxième victoire dans une Coupe du monde, encore une fois face à une sélection nord-américaine, le Panama (2-1). Les Tunisiens ont ainsi attendu 40 ans pour voir leur sélection remporter une victoire dans un mondial, après celle obtenue contre le Mexique en 1978, (3-1). 

Bilan de la Coupe du monde 2018, une victoire et deux défaites, mais aussi quatre buts inscrits, une première dans un tournoi final pour les Tunisiens. 

Le mondial 2022 arrive ! 

Le 22 novembre prochain, la Tunisie entamera sa 6e participation au mondial qui se tiendra cette fois, pour la première fois sur les terres d’un pays arabe. Au Qatar, les Aigles de Carthage vont pouvoir compter sur une communauté qui dépasse les 30 milles tunisiens vivant dans le pays hôte de la Coupe du monde 2022. 

Il y a un an, les Aigles de Carthage ont perdu la finale de la Coupe Arabe FIFA face à l’Algérie (2-0) au terme d’un tournoi qui a servi comme un dernier test des Qataris avant la Coupe du monde. 

Logée dans le même groupe que la France, Champion du monde en titre, le Danemark et l’Australie, la Tunisie va cette fois tenter de franchir le pas et de se qualifier aux huitièmes de finale, pour la dernière Coupe du monde à 32 équipes. 

Le groupe, un mélange de joueurs d’expérience et de jeunes 

Nommé à la tête de la sélection en remplacement de Mondher Kebaier, remercié en janvier dernier après l’élimination de Coupe d’Afrique des Nations aux quarts de finale, Jalel Kadri, prend les commandes d’une sélection qui carbure et qui monte en puissance. 

Niveau effectif, la Fédération Tunisienne de Football, ne cesse d’attirer des joueurs binationaux évoluant en Europe et qui avaient choisi d’endosser le maillot de la sélection tunisienne. Si Youssef Msakni, capitaine des Aigles de Carthage, reste la star de cette équipe, d’autres jeunes talents et joueurs d’expérience sont attendus, avec impatience, au Qatar pour ce mondial asiatique. 

Dans ses rangs, la sélection compte, en effet, des joueurs capables de créer à eux seuls la différence. On cite à titre d’exemple Wahbi Khazri, attaquant de Montpellier et meilleur buteur du groupe actuel, ou encore Hannibal Mejbri, porteur du drapeau de la nouvelle génération des Aigles de Carthage, prêté actuellement par Manchester United à Birmingham City en Championship. 

Adepte d’un schéma tactique 4-3-3 offensif, Jalel Kadri possède dans son effectif des joueurs talentueux capables de créer la surprise. La force de cette sélection reste bien évidement le jeu collectif, mais aussi son milieu de terrain conduit par Ellyes Skhiri (FC Koln), Aissa Laidouni (Ferencvárosi, Hongrie), Mohamed Ali Ben Romdhane et son coéquipier à l’Espérance de Tunis Ghaylane Chaalali. 

La Tunisie débutera sa campagne mondiale par un match face au Danemark le 22 novembre 2022 avant d’affronter quatre jours plus tard l’Australie puis la France le 30 du même mois. On nous sortira peut-être le fameux « un nul contre les Danois, une victoire face à l’Australie, une défaite contre la France et une qualification aux huitièmes », mais cette fois pourrait être la bonne. La Tunisie n’ira pas jouer la finale, mais son objectif reste le même, se qualifier au second tour. 

C’est une équipe à moteur Diesel avec, à chaque tournoi, des débuts difficiles et des fins peu prévisibles. Mais nous, on continuera de rêver. 

 

Ahmed ADALA