Portrait : Ala'a, la Kandaka
Une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. Pour les internautes qui ont suivi et qui suivent les événements au Soudan, à Khartoum particulièrement, elle résume à elle seule la grogne, la révolte même de tout un peuple.
Une femme de blanc vêtue, avec des bijoux traditionnels, perchée sur une voiture, devant le quartier général de l'armée, en plein milieu de la foule tout en chantant spontanément la révolte en poésie populaire. Elle s'appelle Ala'a Salah et elle est étudiante en ingénierie et en architecture à l'université de Khartoum.
En quelques jours, plus qu'une leader d'une révolte qui dure depuis trois mois, elle est devenue le symbole de milliers de Soudanaises réclamant leurs droits dans un pays où les libertés des femmes sont opprimés. La jeune femme n'a pas peur de se positionner contre le régime et de s'impliquer dans les différents mouvements sociaux menés par ses compatriotes.
Belle et rebelle, Ala'a n'arrête pas de crier haut et fort : "La balle ne tue pas. Ce qui tue, c'est le silence de l'homme", avant de marteler : "Ma bien-aimée est une Kandaka"; allusion à la beauté et à la lutte pour les droits à la manière des anciennes reines nubiennes. Aussi, tient-elle à valoriser le rôle de ses concitoyennes dont l'oeuvre visant à faire cesser la tyrannie.
Grâce à elle, la révolution s'est féminisée et les Soudanaises sont toutes devenues des "Kandaka".
Dans un Soudan où le patriarcat règne, où la femme est reléguée au second plan sinon davantage, où porter un pantalon par exemple est signe de non conformité donnant le droit aux hommes à la taxer de tous les noms, Ala'a a été l'objet de l'ire, des critiques et même des menaces les plus extrêmes, elle a su narguer jusqu'à la mort qui planait et plane encore sur sa tête, continuant à mener son combat... la combat de toutes les Soudanaises et de tous les Soudanais.
Omar el-Béchir s'est découvert une adversaire farouche, tenace qui a non seulement fait vaciller son régime mais aussi des valeurs et des tabous qu'il implique.
Don’t know her name, but this Woman in #Sudan is leading rallies, standing on car roofs, and pleading for change against autocratic Bashir.
— Joyce Karam (@Joyce_Karam) 9 avril 2019
Here she is singing “Thawra” (Revolution). Remember this voice: pic.twitter.com/0JG31Tp4rZ