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Plusieurs partis appréhendent la visite d'Erdogn en Tunisie

Les partis politiques tunisiens, Machrouu Tounes, le Mouvement populaire, le Parti destourien libre, Achek Tounes et le Parti des travailleurs ont exprimé leur appréhension quant aux objectifs de la visite effectuée ce mercredi en Tunisie par le président turc Recep Tayyip Erdogan et la crainte de voir la Tunisie s'engager dans la politique des axes dans le dossier libyen.


Le mouvement Machrouu Tounes a estimé que cette visite et les réunions qui lui sont associées "suggèrent un alignement officiel tunisien en faveur de l'axe de la Turquie - le gouvernement de l'accord libyen, qui a produit un accord qui fait l'objet d'un rejet par la plupart des capitales arabes et européennes", appelant la présidence de la République à éloigner la Tunisie de ces alignements et que sa position soit modérée et neutre.


Dans sa déclaration, le mouvement a également affirmé son refus "d'instrumentaliser la Tunisie comme plate-forme politique pour un axe international spécifique dont les intérêts vont à l'encontre des intérêts de la Tunisie et de ses relations arabes et internationales".


Le parti a mis en garde contre toute idée "d'utiliser la Tunisie comme plate-forme pour toute action de renseignement, de sécurité ou d'actions militaires en faveur de la Turquie envers la Libye", appelant à ce que la présidence de la République soit totalement transparente avec le peuple tunisien concernant les objectifs de la visite, les réunions tenues et ses résultats.


Quant au Parti destourien, il s'est déclaré surpris que cette visite "n'ait pas été annoncée par les services d'information de la Présidence de la République conformément aux protocoles", dénonçant le fait que de "telles informations importantes soient parvenues à l'opinion publique par les médias turcs".


Le parti a appelé la Présidence à adopter la transparence dans le domaine de la politique étrangère, à clarifier les options prises à cet égard et à informer l'opinion publique de ces questions souveraines.


Il a également mis en garde contre le fait que la Présidence prenne "toute mesure ou toute décision au nom du peuple tunisien en relation avec le dossier libyen qui représenterait un écart par rapport aux constantes de la politique étrangère tunisienne qui est basée sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et de ne pas impliquer la Tunisie dans les axes internationaux ou régionaux et les tiraillements qui pourraient affecter la souveraineté nationale et la sécurité nationale tunisienne".


Le Parti du courant populaire a exprimé de son côté sa profonde surprise devant la "position du chef de l'Etat sur l'accord-transaction conclu entre Fayez Sarraj, chef du gouvernement de la soi-disant entente à Tripoli d'une part, et le président turc d'autre part, où le président tunisien a considéré l'accord comme une affaire turco-libyenne au mépris total des intérêts de la Tunisie et de son voisinage et les exigences de sa sécurité nationale et ses implications pour la sécurité régionale", selon le texte de sa déclaration.


Il a exprimé son rejet de "l'alignement injustifié de la Tunisie avec l'une des parties au conflit libyen et un axe régional spécifique sans égard à nos intérêts, aux intérêts du peuple libyen et aux intérêts de nos frères arabes voisins, qui ferait perdre à la Tunisie sa position de neutralité positive, en termes de contribution à l'arrêt des combats".


Il a également souligné son refus de transformer la Tunisie en "une plate-forme d'agression contre la Libye, similaire à ce qui s'est passé en 2011 et une base arrière pour l'armée turque et ses services de renseignement pour soutenir les milices qui lui sont fidèles et menacer la sécurité des pays voisins".


La courant populaire a mis en garde aussi contre "la voie dangereuse empruntée par la politique étrangère tunisienne, comme le confirme chaque fois l'absence d'une vision claire de la gestion de la politique étrangère sur la base des intérêts suprêmes et de la sécurité nationale de la Tunisie dans le contexte d'une situation régionale et internationale très dangereuse".


Pour sa part, le parti Afek Tounes a exprimé sa surprise de "de cette visite inopinée, sans une invitation officielle préalable ou un engagement aux normes diplomatiques suivies entre les pays", considérant que ce comportement "représente une grave insulte à l'Etat tunisien et à son prestige auprès des nations".


Le parti a affirmé son "rejet absolu et de principe de toutes les formes d'alignement aux axes régionaux", mettant en garde contre les conséquences de l'engagement de la Tunisie "dans des conflits régionaux, idéologiques ou sectaires qui ont un impact négatif sur les intérêts stratégiques et la sécurité nationale de la Tunisie".


Il a appelé à un engagement permanent envers les principes traditionnels de la diplomatie tunisienne fondés sur les principes de non-alignement, de règlement pacifique des différends et de restauration de la sécurité et de la stabilité.


Le Parti travailliste a dénoncé également "l'accueil d'Erdogan en Tunisie dans ces circonstances" en rapport avec la Libye, exprimant sa condamnation "de ne pas avoir traité le peuple tunisien de manière transparente lors de cette visite provocatrice".


Le parti a mis en garde contre "tout alignement derrière le dirigeant de Turquie ou l'instrumentalisation de la Tunisie de quelque manière que ce soit pour atteindre ses objectifs en Libye", estimant que l'intérêt de la Tunisie "réside dans le fait de ne s'engager dans aucun des axes régionaux et internationaux en conflit en Libye, ni de soutenir aucun des protagonistes de ces axes".


Il a appelé "les frères libyens à prendre leur destin en main et à ne pas laisser leur pays entre les mains d'agents fidèles aux axes internationaux et régionaux manipulant son destin et à s'unir contre tous les envahisseurs étrangers", indiquant que l'intérêt de la Tunisie est d'interférer "pour faire pression sur divers acteurs libyens pour qu'ils trouvent une solution pacifique de manière à assurer l'indépendance de la Libye des forces extérieures qui convoitent ses richesses et garantir la préservation de son unité".


Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a effectué une visite inopinée d'une journée en Tunisie mercredi, au cours de laquelle il a eu un entretien avec le président de la République, Kais Saied.


Erdogan a indiqué à cette occasion que la Turquie soutient "l'initiative de paix" lancée par la Tunisie concernant la Libye, soulignant la nécessité "d'un cessez-le-feu immédiat en Libye et de l'ouverture de négociations politiques internes entre Libye".


Erdogan a ajouté, lors d'une conférence de presse tenue mercredi au Palais de Carthage, que la Tunisie "est un exemple de sécurité et de stabilité dans la région, que la Turquie peut prendre des mesures importantes en concertation avec elle dans le dossier libyen, et elle peut également jouer un rôle très efficace, d'autant plus que la situation en Libye, l'instabilité et la présence de terroristes dans ce pays affectent directement la Tunisie. "


Concernant la non-convocation de la Tunisie à participer au sommet de Berlin (Allemagne) sur la Libye qui se tiendra début 2020, il a estimé que "la présence de la Tunisie, de l'Algérie et du Qatar à ce sommet est extrêmement importante", notant qu'il s'était entretenu à cet égard avec la chancelière allemande Angela Merkel qui "s'est engagée à examiner la question, ainsi qu'avec le président russe Vladimir Poutine, qui a convenu que ces trois pays devraient assister au sommet".


Il a également indiqué avoir évoqué la question avec le Premier ministre britannique, Boris Johnson, "qui a soutenu l'idée de la participation de la Tunisie, de l'Algérie et du Qatar à ces discussions concernant la Libye".


En ce qui concerne la présence militaire turque en Libye, Erdogan a précisé que la Turquie "est présente dans ce pays à l'invitation du gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez Sarraj", notant qu'il y a des forces militaires en Libye dont on n'a pas demandé la présence, comme les forces soudanaises et russes".


Il a également indiqué que Khalifa Hafter, le un général libyen à la retraite, "n'a aucune légitimité et crée des problèmes en Libye".