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Ben Guerdane : Les unités sécuritaires à l’honneur

Durant la seconde partie de Midi Show dans sa version d’aujourd’hui, 7 mars 2016, les invités de Boubaker Ben Akeicha, à savoir Walid Louguini, juge et ancien chargé de communication du ministère de l'Intérieur, Ali Zaremdini, ancien colonel au ministère de l'intérieur, Abdelhamid Jelassi, leader du mouvement Ennahdha et Alaya Allani, historien et spécialiste des questions islamiques, ont évalué la situation à Ben Guerdane et ont parlé de l’étape à venir. 


Jelassi : on doit fournir les  informations aux sécuritaires


Abdelhamid Jelassi : Nous avons eu un indice mercredi et il a été pris en considération, on s’est préparé et ainsi l’opération a pu être maitrisée. Parce qu’on aurait pu se réveiller ce matin avec le drapeau de Daesh hissé sur Ben Guerdane ! Heureusement les réactions des responsables au sein du gouvernement, celles des politiciens et du peuple allaient toutes dans un même sens positif » dit-il et d’ajouter : « pour être vaincu le terrorisme dépend de trois volets : surveiller les provenances de la Libye, venir à bout de la situation précaire dans les régions pauvres et renforcer la sécurité. Mais pour renforcer la sécurité on doit miser sur les renseignements. Pour ce faire, on doit oublier la culture de considérer les informateurs comme des « mouchards ». Il faut croire que les sécuritaires ne sont plus les protecteurs de l’ancien régime. Il s’agit d’une sécurité républicaine qui protège le pays, les institutions et les citoyens. Nous sommes redevables de fournir des informations aux sécuritaires, c’est un devoir pour venir à bout du terrorisme. Le système de sécurité a besoin de voir le peuple, l’Etat et les politiciens s’entraident. La Tunisie est un Etat civil démocrate et doit le rester. En tout cas, on voit que de plus en plus de personnes sont contre le terrorisme. D’ailleurs entre ce que les terroristes ont planifié et ce qui arrive réellement il y a un fossé. Ils ont planifié de viser les villes. Ils veulent le Sud tunisien pour créer leur Emirat et ça n’arrivera pas. Les nids de terroristes vont échouer. Ceci dit, je tiens à dire que le fait de penser à un gouvernement d’urgence n’est plus d’actualité puisqu’il y a eu une révolution et des élections !


Louguini : il faut soutenir les sécuritaires


Quant à Walid Louguini il a estimé que la fermeture des frontières, au sens sécuritaire ne concerne que les passages de Dhhiba, de Mazen et de Ras Jedir, ce n’est pas comme on le pense. « La zone frontalière est toujours source de menace, même si les passages sont fermés. Après l’opération avortée de mercredi dernier, un plan est programmé, mais a été avorté et grâce aux sécuritaires. Il faut une évaluation aujourd’hui. On a besoin d’être derrière les sécuritaires et d’unité nationale véritable. Parce qu’on peut se demander pourquoi le Liban souffre aussi de terrorisme alors que ce n’est pas le cas en Jordanie.  En effet, c’est parce que la société est bien solidaire en Jordanie et il n’y a pas de différends internes. On doit donc œuvrer à rassembler les rangs. Nonobstant, le message qu’ont donné les sécuritaires depuis mercredi est très positif. Parce que si le drapeau de daesh a été hissé, ça aurait été une vraie catastrophe vu sa symbolique. Cette opération suit l’arrivée de 40 membres terroristes chez nous. Les unités de sécurités étaient préparées. Par contre lorsque les évènements du Mont mnighla ont précédé l’explosion du bus présidentiel, on n’a pas été bien préparé. La situation est dangereuse, et les unités font des progrès notoires.  Mais à présent, il faut avoir de l’espoir : la république reste et on va continuer notre lutte. Et on n’a pas seulement besoin d’unité nationale mais de solidarité entre citoyens et sécuritaires. Aujourd’hui, pour vaincre le terrorisme on doit tous soutenir les sécuritaires. On a aussi besoin de croire à nouveau à l’unité du peuple et à la solidarité interne.


Zarmdini : la guerre n’est pas finie


De son côté, Ali Zarmdini estime que l’opération tient de l’idéologie de Daesch qui est basée sur l’attaque.  « Les terroristes attaquent puis se retirent. Ils ont planifié un plan d’attaque pour cibler les militaires et sécuritaires, ils veulent  véhiculer un message au peuple et à la classe politique mais ça a échoué. Ces membres vont maintenant vers la guerre des rues. Parce qu’on ne les a pas tous abattus ! Et même l’existence d’un seul terroriste sur nos terres est une menace nationale. Aujourd’hui,  les sécuritaires ont besoin d’aide, notamment morale. Ils ont dressé des plans et parmi eux c’est de semer l’animosité entre autorité et citoyens. Ils adoptent la ruse et la triche et peuvent profiter du tempérament généreux des habitants du Sud en faisant semblant d’avoir besoin d’aide. Ces terroristes ont été entrainés par les meilleures maîtres. Ils connaissent le terrain et savent tricher pour s’enfuir. Donc certes, l’opération a échoué mais la guerre  n’est pas finie ! Les sécuritaires ont besoin de lois qui les protègent et pas seulement d’un remerciement. Ils ont besoin de solidarité et de reconnaissance. Ceci l’est doublement tant le terrorisme n’est pas statique ! Il est mouvant, alors il faut garder l’œil grand ouvert, parce que l’heure est grave. Le terrorisme peut provenir de n’importe où !  Il faut tout prévoir ».


Allani : 50 opérations terroristes ont eu lieu jusqu’à janvier


Alaya Allani dit qu’il ne faut pas avoir peur, mais rester prudents. «  Je voudrais qu’on s'adresse au citoyen de l’après opération. On doit tirer la sonnette d’alarme. Il ne faut pas alarmer les gens, mais qu’on ne prenne pas les choses à la légère !  Les terroristes veulent envahir une ville tunisienne. Et il s’agit d’un plan très grave et dangereux ! Il faut un gouvernement fort et prêt à affronter les crises ! Parce que le bilan est vraiment inquiétant. Jusqu’à Janvier seulement, nous avons connu 50 opérations terroristes ! Il faut une vision futuriste et tout un plan bien ficelé. J’insiste qu’il faut un gouvernement d’urgence qui gouverne pendant 5 ans pour installer la sécurité. Ce dernier doit être appuyé par les différentes sensibilités politiques du pays. La richesse de ce pays réside dans la sécurité. Ces unités sécuritaires et militaires sont tels des diamants ! Nous devons les aider, investir en eux, les protéger par des lois. Il faut également une loi pour interdire l’instrumentalisation de la religion et de l’ethnie par les politiciens ».