Ozempic : Un antidiabétique contre l'obésité, quels risques ?

Ozempic

L’Ozempic est le nom commercial du sémaglutide, un médicament de la classe des analogues du GLP-1 (glucagon-like peptide 1) utilisé principalement dans le traitement du diabète de type 2, la forme la plus courante du diabète, souvent liée à l’obésité.

Il est commercialisé sous forme de seringues préremplies contenant plusieurs doses, permettant d’atteindre progressivement 1 mg afin de minimiser les risques d’intolérance gastro-intestinale.

En plus de ses effets antidiabétiques puissants, le sémaglutide contribue à une réduction significative du poids corporel. Ce double effet a conduit son fabricant, Novo Nordisk, à tester une dose plus élevée de 2,4 mg dans le cadre de traitements contre l’obésité.

Les analogues du GLP-1 sont également reconnus pour leur capacité à offrir une protection cardiovasculaire importante dans le cadre du diabète, ce qui est essentiel car le pronostic du diabète – et en grande partie celui de l’obésité sévère – est surtout marqué par un risque cardiovasculaire accru. En conséquence, la prescription de ces médicaments se fait sur le long terme et est réévaluée au cas par cas.


Une perte de poids réelle ?

Les analogues du GLP-1, y compris le sémaglutide (Ozempic), favorisent généralement une perte de poids (bien que ce ne soit pas systématique) en ralentissant la vidange gastrique et en régulant la sensation de satiété, sans agir comme de simples « coupe-faim ». Plusieurs études ont été menées pour examiner l'impact du sémaglutide sur la perte de poids à différentes doses.

Une première étude a comparé les effets de différentes doses quotidiennes (0,05 mg à 0,4 mg) sur le poids, par rapport à un placebo. Après un an, les résultats ont montré une perte de poids de 6,0 % (-6,7 kg) à 13,8 % (-15,1 kg), en fonction de la dose administrée, confirmant ainsi un effet dose-dépendant.

À la dose hebdomadaire de 2,4 mg, une étude a observé une perte de poids moyenne de 15 % (15 kg) après 68 semaines, contre seulement 2 % (3 kg) avec une simple modification du mode de vie.

Novo Nordisk propose deux dosages du sémaglutide sous des noms distincts :

   Ozempic : utilisé pour traiter le diabète, à la dose de 1 mg par semaine (remboursé pour cette indication).
   Wegovy : destiné au traitement de l’obésité, à la dose de 2,4 mg par semaine, accessible (en France) dans le cadre d’une procédure d’accès précoce pour les cas d’obésité sévère (IMC ≥ 40 kg/m²) associés à des complications.

Il est important de noter que le Wegovy ne peut être détourné de son usage, contrairement à l’Ozempic.
 

Un mésusage de l’Ozempic ?

À la fin de l’année 2022, le fabricant a signalé des difficultés d'approvisionnement pour les patients diabétiques, en raison d’un détournement d’usage. L’ANSM, en collaboration avec l’Assurance Maladie, a révélé qu’environ 600 000 patients ont reçu des médicaments de la classe des analogues du GLP-1, dont 215 000 pour Ozempic. Parmi ces derniers, environ 1 % peuvent être considérés comme non-diabétiques, suggérant un mésusage limité, mais noté par les autorités.

Cependant, cet usage détourné pourrait également résulter de la popularité croissante du médicament, alimentée par les réseaux sociaux, notamment en Asie, où l’obésité devient un problème de plus en plus prévalent.
 

Qui sont ces célébrités qui ont utilisé de l'Ozempic pour perdre du poids ?

Ils sont nombreux à y avoir succombé. L'Ozempic fait fureur à Hollywood : d’Elon Musk, à Oprah Winfrey en passant par Whoopi Goldberg, beaucoup de célébrités assument avoir cédé aux sirènes de ce médicament initialement destiné aux personnes diabétiques. À l’instar de Rebel Wilson, Sharon Osbourne ou encore Robbie Williams, ils sont plusieurs à avoir admis publiquement prendre ce remède supposé «miracle» ou son dérivé, le Wegovy, tel que le patron de Tesla. En 2022, Elon Musk répondait ainsi sur Twitter à une question sur sa recette miracle pour être en forme.

Quels risques pour l'individu ?

Le recul clinique concernant les effets secondaires des analogues du GLP-1 est important. Les effets indésirables les plus fréquents sont relativement bénins et incluent des inconforts gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées) et une réduction de l'appétit de variable intensité, mais sans effet hypoglycémiant majeur à moins d’une interaction avec l’insuline.

Des événements graves tels que la pancréatite, certains cancers de la thyroïde et des troubles cardiaques ont été signalés, mais aucun lien de causalité clair n’a été établi. L’effet secondaire majeur à surveiller est la perte d’appétit excessive, notamment chez les individus vulnérables (par exemple, les personnes âgées), car cela peut conduire à une perte de masse musculaire.

Dans un contexte de mésusage, une interruption brutale du traitement entraînerait probablement un rebond pondéral, accentuant ainsi les risques pour la santé.
 

Mésusage à l’échelle de la santé publique

Un mésusage à grande échelle pourrait limiter l’accès à l’Ozempic pour les patients diabétiques, surtout si des pratiques visant à augmenter la dose pour maximiser la perte de poids deviennent courantes. En cas de pénurie, un diabétique pourrait voir son traitement déséquilibré, avec des conséquences graves sur son diabète.


 

Un débat au niveau collectif

La question du mésusage touche également un problème de société plus large : la pression pour des résultats rapides, exacerbée par la « tyrannie de l'immédiateté » relayée par les réseaux sociaux. En ce sens, l’utilisation d’un médicament comme l’Ozempic pourrait détourner des efforts plus durables et difficiles de changement de mode de vie, ce qui pose une question éthique et de santé publique importante.
Conclusion

Il est crucial de distinguer entre l’usage raisonné du sémaglutide, dans un cadre médical précis, et son mésusage à des fins non thérapeutiques, souvent alimenté par des motivations consuméristes. Les risques pour la santé publique et les patients doivent être soigneusement pesés, et l’accès au médicament doit être géré de manière rigoureuse, tant pour les diabétiques que pour ceux souffrant d’obésité sévère.

Un débat important reste ouvert sur l’avenir de la prise en charge de l’obésité, et sur l’éventuelle révision des protocoles de prescription, notamment si les recherches en cours sur les effets cardiovasculaires du sémaglutide s'avèrent favorables.

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